AVEC LA PART DES FLAMMES, j’ai eu la sensation de retrouver mes lectures de jeunesse : une atmosphère romanesque à souhait, des personnages féminins forts, un peu de passion amoureuse, de l’Histoire romancée, un livre que je n’ai pas lâché avant la dernière page (et, en bonus, même du Verlaine).
Sans insister sur les évènements historiques, hormis le souvenir de la Commune par des évocations et l’incendie du Bazar de la Charité qui sert de départ à l’intrigue, Gaëlle Nohant fait revivre tout une époque, dans laquelle j’ai aimé m’immerger : c’est la fin du 19e siècle, les tout débuts du cinéma, le développement de la psychanalyse et l’étude de l’hystérie féminine. C’est aussi encore un temps aristocratique, mondain et oisif, d’intrigues de salon. Ce milieu est longuement représenté, avant l’incendie proprement dit, qui vient redistribuer les cartes et lancer véritablement l’intrigue. Si ce début peut sembler long, je l’ai apprécié pour la construction de l’époque qu’il permet, ainsi que pour l’ambiance qu’il crée, avant que le romanesque ne prenne le pas.
Gaëlle Nohant s’attarde successivement sur plusieurs personnages, tissant les liens entre eux peu à peu, par le jeu du destin. Elle semble n’avoir rien laissé au hasard, tout personnage prend sens, et chacun d’eux mérite son attention. Même les plus détestables a priori dévoilent une autre facette au cours de l’intrigue, nul n’est blanc ou noir dans ce que l’on pourrait considérer comme un roman de formation. Les femmes y sont très présentes, et par là même, la représentation de leur condition tient une grande place, avec diverses nuances. Le point commun de toutes serait l’importance de l’apparence, que vient cruellement mettre en exergue l’incendie et les défigurations qu’il réalisa. Si les hommes sont moins soumis à cette exigence, ils doivent en revanche eux aussi « entrer dans le moule » de la société et en souffrir parfois.
J’ai beaucoup aimé retrouver ainsi mes « lectures de jeunesse », avec ce roman très maîtrisé, peut-être trop à mon goût : tout est si bien calculé, tombe si juste dans l’intrigue, qu’il m’a manqué une part de naturel que je recherche davantage dans mes lectures, des coutures moins apparentes. Les amateurs se régaleront néanmoins de ces intrigues dans la lignée des romans feuilletons d’un autre siècle, avec une écriture plus contemporaine et très agréable.
La part des flammes de Gaëlle Nohant
Héloïse d’Ormesson (Paris), 2015 – 1re publication
Également disponible dans l’édition Le Livre de poche
* Prix Horizon *
Héloïse d’Ormesson (Paris), 2015 – 1re publication
Également disponible dans l’édition Le Livre de poche
* Prix Horizon *
Il vient de sortir en poche et je l'ai acheté, il me paraissait effectivement très bien et tu confirmes mon impression... et puis une auteure qui s'appelle Nohant, quand on aime George Sand, ne peut pas être mauvaise;) !
RépondreSupprimerIl y a effectivement des signes qui ne trompent pas, et j'ai trouvé Gaëlle Nohant bonne auteure : s'étant abondamment renseignée (ça se sent) tout en sachant prendre de la distance et écrire en romancière, non en historienne.
SupprimerJ'ai eu un énorme Coup de Coeur pour ce roman <3
RépondreSupprimerTon billet est tellement détaillé : j'admire *_* !
J'ai raté ton billet, je vais aller le lire !
SupprimerJ'ai eu le coup de coeur pour ce roman passionnant, contente que tu l'ai aimé aussi
RépondreSupprimerCa ne m'étonne pas que tu l'aies aimé. :)
SupprimerTon billet donne vraiment envie... Je ne connaissais pas...
RépondreSupprimerTant mieux ! Ce n'est pas aussi exigeant que certaines de tes lectures, mais ça se lit très agréablement.
SupprimerTa présentation confirme que ce n'est pas mon domaine de prédilection mais quand tu parles de "romans feuilletons" ça me parle déjà beaucoup plus. Je dois absolument avancer dans mes emprunts à la bibliothèque mais je l'attaque asap.
RépondreSupprimerJe confirme, je ne le vois pas vraiment dans ton domaine, ce roman... C'est le côté feuilleton qui accroche et fait tourner les pages si rapidement sur la fin : sans que ce ne soit vraiment une surprise, je voulais savoir la suite.
SupprimerC'est une lecture originale et inattendue, te connaissant ! C'est parfois bien agréable de plonger totalement dans un bon roman sans prétention, pour le plaisir du voyage :)
RépondreSupprimerLe roman avait l'air sympa, mais en effet, je ne l'aurais pas lu sans le prix Horizon auquel je participe. De temps en temps, j'aime aussi un bon roman sans prétention et sans forcément en parler sur le blog ; ici, il me semblait quand même le mériter et il a réorienté mes envies de lecture, je vais poursuivre avec quelques classiques de cette époque.
SupprimerUn excellent souvenir de lecture (lu l'été dernier) ! Un très beau roman.
RépondreSupprimerComme toi j'ai beaucoup aimé ce roman ;-)
Je vais aller lire ton article, un roman idéal pour l'été :)
Supprimeret je n'ai toujours pas lu cet auteur, zut zut et rezut!
RépondreSupprimerPourquoi zut ? Il n'est pas trop tard. ;)
SupprimerMon fils vient de me l'offrir. Je me réjouis d'avance...
RépondreSupprimerUn beau cadeau !
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