On jouait chez Naroumof, lieutenant aux gardes à cheval. Une longue nuit d’hiver s’était écoulée sans que personne s’en aperçût, et il était cinq heures du matin quand on servit le souper. Les gagnants se mirent à table avec grand appétit ; pour les autres, ils regardaient distraitement leurs assiettes vides. Peu à peu néanmoins, le vin de Champagne aidant, la conversation s’anima et devint générale. [La Dame de pique, p. 9]
SUR LES CONSEILS DE FLO, j’ai eu envie de lire La Dame de pique de Pouchkine, une nouvelle « à lire au moins une fois dans sa vie », pour reprendre ses mots. Dès la première phrase, j’ai retrouvé un univers mondain que j’affectionne, une atmosphère de « coin du feu » comme celle de Barbey d’Aurevilly. Comme cet auteur français, Pouchkine développe finement la psychologie de ses personnages en quelques pages, en particulier celle d’Hermann. Ce jeune homme peu fortuné se montre d’un naturel assez austère et raisonnable, jusqu’à ce que la légende de trois cartes gagnantes à coup sûr lui soit racontée et lui monte à la tête. Le lecteur assiste ainsi à la mise au point de son plan et à la folie qui le gagne. Celle-ci rend incertain le soupçon de fantastique qui se glisse dans le récit et laisse la fin partiellement ouverte, le lecteur libre de son interprétation et ravi de l’enchaînement des évènements.
Il y a de cela déjà quelque temps, vivait dans une de ses terres le vieux gentilhomme russe Cyrile Pétrovitch Troïékourof. Sa naissance, sa richesse, et des alliances puissantes lui avaient acquis une grande considération dans le gouvernement où était situé son domaine de Pakrovsky. [Doubrovsky, p. 47]
Le bref roman qui suit, Doubrovsky, est une histoire de vengeance et d’amour. Si un destin malfaisant semble parfois s’acharner sur les personnages, à mieux y regarder, ils sont avant tout responsables de leur malheur, par orgueil en particulier. C’est sous cet angle qu’est cette fois approfondie la psychologie des personnages. S’il est intéressant de les suivre sur plusieurs années, j’ai regretté l’économie de la nouvelle, bien plus concentrée et tout aussi riche.
La dame de pique suivi de Doubrovsky d’Alexandre Pouchkine, traduits du russe par Prosper Mérimée et J.-N. Chopin
Librio (Paris), 2014
Rédaction : 1832 et 1833
1re publication : 1834 et 1841
Librio (Paris), 2014
Rédaction : 1832 et 1833
1re publication : 1834 et 1841
Un petit détour du côté de la Russie semble bien tentant, à te lire ! J'ai entamé "Les frères Karamazov" de Dostoievski lors des dernières vacances mais l'ai laissé de côté depuis... On est loin de l'économie de la nouvelle ! C'est plutôt un marathon, pour le coup !
RépondreSupprimerJe manque un peu de courage face aux pavés russes, j'y viendrai peut-être par les nouvelles : j'aime leurs thèmes, notamment celui de la folie dans La Dame de pique. Bon courage pour ton marathon !
SupprimerEn matière de nouvelle russe sur la folie, j'avais apprécié "La sonate à Kreutzer" de Tolstoï. L'as-tu lu ?
Supprimer(Si tu veux lire mon avis : http://lapetitemarchandedeprose.hautetfort.com/archive/2013/11/10/la-sonate-a-kreutzer-de-leon-tolstoi-5217882.html)
Je n'ai pas lu La sonate à Kreutzer, et ce n'est pas faute d'en avoir entendu parler pourtant. Je le note à nouveau grâce à ton avis et à la musique. Merci pour le conseil !
SupprimerEncore ravie que cela t'ait plu. Je pense que l'ambiance avait en effet tout pour te séduire.
RépondreSupprimerMerci encore pour le conseil !
SupprimerAlexandre Pouchkine, un merveilleux auteur... Merci pour cet avis.
RépondreSupprimerEn as-tu lu et en conseilles-tu d'autres de lui ? Je passerai voir sur ton blog si tu en as présenté.
SupprimerJ'ai lu les Pouchkine présent dans l'édition de la Pléiade, mais cela remonte à quelques années déjà... Je n'ai rien écris sur mon Pouchkine... Il faudrait que j'en relise.
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