AINSI QU’ON ME L’AVAIT ANNONCÉ*, Mangez-moi est un roman qui fait du bien. Il donne envie d’y croire à nouveau, de penser qu’il est possible de rencontrer les bonnes personnes au bon moment, de façon désintéressée, et d’être soi-même la « bonne personne ». Le destin se montre également clément dans ce roman, qui laisse croire qu’une forme de bonheur peut revenir après le malheur.
Tout en parvenant à transmettre ces sensations au lecteur, Agnès Desarthe est très loin du roman à bons sentiments, trop beau et allégorique pour être réaliste. Au contraire, elle reste dans ce dernier registre avec une grande maîtrise. Le vécu de la narratrice n’a pas été facile jusque-là et surgit parfois en la replongeant dans le découragement. Le lecteur n’en saura guère plus dans les premières pages, cette ombre au tableau ne sera révélée qu’à la fin, par bribes successives, mais cela n’est guère nécessaire pour s’attacher à cette femme fragile et humaine, en quête d’un nouvel équilibre dans sa vie.
Mangez-moi, ainsi que peut le laisser deviner le titre au premier abord, s’inscrit également dans la veine des romans culinaires, toujours en en évitant les excès. La cuisine n’est pas le prétexte à de bons sentiments et sait être présente sans écraser la narratrice sous ce seul rôle. Elle la révèle au contraire et se fait le reflet de ses errements, ainsi que de ses résolutions. C’est aussi l’occasion pour Agnès Desarthe de déployer des descriptions alléchantes et très évocatrices, tant d’un point de vue olfactif et gustatif que sensuel.
Un très beau roman, qui fait du bien avec mesure.
* NOTE : c’est tout d’abord Laeti qui m’a fait découvrir ce roman par son article, puis en me prêtant son livre, avant que Flo ne rédige un article très complet à son tour.
Mangez-moi d’Agnès Desarthe
Points (Paris), 2007
1re publication (éditions de l’Olivier) : 2006
Points (Paris), 2007
1re publication (éditions de l’Olivier) : 2006
Tu le mentionnes, le personnage féminin principal est un être blessé, en quête d'un nouveau projet pour se reconstruire. Tout n'est pas rose finalement dans ce roman, il y a de la profondeur dans les personnages, un vécu présenté comme le point de départ du renouveau.
RépondreSupprimerL'auteure mise sur les rencontres, fortuites et qui font tellement de bien. Ces rencontres qui donnent l'élan nécessaire à la reconstruction. Le lecteur garde en tête ces rencontres qui se mettent sur notre chemin par un petit coup de pouce du destin.
Et par dessus le marché, j'ai adoré les clins d'oeil à la cuisine. Tout est bon dans ce roman qui me laisse aussi un grand souvenir! Je suis heureuse de te l'avoir fait découvrir. Il te donne envie de lire d'autres romans d'Agnès Desarthe?
Tu parles décidément très bien de ce roman, merci encore de me l'avoir fait découvrir ! J'ai aimé que les personnages aient une telle profondeur, un passé qui les fragilise, sans tomber dans les stéréotypes à outrance. Ca me donne une bonne opinion d'Agnès Desarthe et de sa façon d'écrire, mais je crains la façon dont elle déstabilise le lecteur dans d'autres nouvelles ou dans le roman que tu as présenté. Je préfère lire dans un premier Comment j'ai appris à lire, puis voir si d'autres livres présentent des sujets susceptibles de m'y faire revenir.
SupprimerFinalement, on retrouve le même type de personnage, heurté, dans "Une partie de chasse". Mais l'ambiance, le cadre, c'est pas du tout pareil. Il y a moins d'engouement dans ce titre, mais je l'ai malgré tout apprécié. Un jour, j'arriverai à te faire lire ses nouvelles !!! Elles valent vraiment le détour.
SupprimerOui, l'ambiance d'Une partie de chasse me tente moins, sans compter que les animaux en littérature me parlent très peu. Pour les nouvelles, je pourrai réenvisager la question, je préférerais d'ailleurs cette forme à une autre plus longue pour me laisser déstabiliser.
SupprimerC'est un énorme coup de cœur pour moi : j'ai adoré le personnage féminin, sa quête, sa rédemption : tout est absolument magnifique dans ce livre (les rencontres humaines, les retrouvailles). Bises
RépondreSupprimerCa ne m'étonne pas que ce soit un coup de cœur pour toi, même si j'avais oublié que tu l'avais lu. Il semble faire l'unanimité parmi ses lecteurs en tout cas.
SupprimerC'est noté, après une telle mise en bouche ;-)
RépondreSupprimerJe pense que c'est un roman qui pourrait te plaire, en effet. :)
SupprimerJe suis heureuse qu'il t'ait plu ! C'est très loin d'être un roman "Bisounours" et, en même temps, je trouve qu'il fait du bien par sa chaleur humaine. Il y a un bon équilibre et c'est cela qui m'a fait adhérer.
RépondreSupprimerQuant à ses autres romans, j'ai plutôt du mal avec son univers. Dans un format ni trop long ni trop court, tu as "Le remplaçant" que j'ai beaucoup aimé (oui, je me permets de te recommander un livre ;p)
Oui, c'est exactement ce qui m'a plu aussi : un bon équilibre, ni trop ni trop peu, juste ce qu'il faut dans chaque registre.
SupprimerJ'avais cru que tu appréciais son univers dans ses nouvelles, j'ai dû me tromper. Ce que toi et Laeti en avez dit me fait plutôt reculer... J'ai feuilleté Le remplaçant avant-hier justement ! Le contexte me l'a fait remettre dans son rayonnage, mais je retournerai voir ; une recommandation de ta part est assez rare pour que je m'y intéresse. :p
J'ai apprécié ses nouvelles mais j'ai suivi ton échange avec Laeti ci-dessus et Le remplaçant m'a semblé un juste milieu. Il est très différent de Mangez-moi, plus proche de l'univers habituel de l'auteur, mais pas étrange comme ses nouvelles ou les romans que j'ai voulu lire.
SupprimerComment j'ai appris à lire est aussi une bonne façon de faire connaissance avec l'auteur, ce qui l'attire, son style, mais j'ai eu le sentiment de mieux l'apprécier parce que j'avais déjà lu un peu de sa fiction.
Je retiens de laisser Comment j'ai appris à lire encore un peu dans la pile à lire alors, le temps de retrouver "Le remplaçant" et éventuellement un recueil de nouvelles. Merci pour le conseil du juste milieu.
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