La Reine de Golconde | Chevalier de Boufflers

FIDÈLE aux traditions intertextuelle du roman libertin et parodique du conte au XVIIIe siècle, le chevalier de Boufflers livre avec La Reine de Golconde un parcours parmi les genres prisés de l’époque, depuis la pastorale jusqu’au roman orientalisant. Le passage par l’opéra et le repentir du libertin ne sont guère oubliés dans cette représentation d’une ascension sociale féminine.

Chaque retrouvaille des amants dans un nouveau lieu est dépeinte à la façon d’un tableau ou d’une scène de théâtre, sans souci des évènements intermédiaires, narrés brièvement dans des récits enchâssés. Qu’importe la vraisemblance, seul compte l’amusement de l’auteur et du lecteur, l’un en parodiant, l’autre en devinant les doubles sens et l’ironie à l’égard de chaque genre déployé. Le conte, par exemple, voit sa vertueuse morale devenir une invitation immorale à l’ascension sociale par le plaisir et le commerce de ses charmes (de bergère, Aline parvient tout de même à devenir reine d’un royaume oriental, sans nulle intervention féérique ou révélation d’une naissance illustre). Le roman libertin n’est guère épargné non plus, et la fin pseudo-moralisante de certains d’entre eux se voit raillée par l’usage du vocabulaire sentimental et le contraste qu’il forme avec la grivoiserie des débuts.

Un conte libertin à lire pour le plaisir des allusions ou pour celui de la grivoiserie.

La Reine de Golconde du Chevalier de Boufflers, édité par Stéphane Pujol

Contes et nouvelles, édité par Stéphane Pujol, Éditions Garnier et Société éditrice du Monde (Paris), collection Les grands classiques de la littérature libertine, 2010

1^re publication : 1761

* Un bref rendez-vous *