Le Jour du chien | Caroline Lamarche

L’autre jour, sur l’autoroute, un chien abandonné courait le long du terre-plein central. [p. 9]
CET ÉVÈNEMENT, à la fois banal et suffisamment surprenant pour provoquer l’arrêt de plusieurs automobilistes, sert de point de départ au roman de Caroline Lamarche : dans chacun des chapitres, un personnage livrera son point de vue au sujet de ces quelques minutes d’arrêt dans son parcours routier. Cela aurait pu donner lieu à une série de nouvelles et de petites histoires liées à ce chien, mais ce dernier est avant tout un déclencheur et un révélateur dans la vie des personnages. Chacun d’eux interprétera son irruption d’une façon différente – l’une comme une métaphore d’elle-même, l’autre de sa fuite éperdue en avant, entre autres – en le liant à sa propre vie, dont il est alors davantage question que du chien lui-même.

Ces introspections donnent au texte toute sa profondeur et permettent à l’auteure d’entremêler plusieurs sujets, comme l’abandon, la perte d’un être cher ou d’un travail, la question de son identité, l’envie de mourir et la part d’animalité en chaque être humain (outre le chien, une araignée prend une grande importance dans l’un des chapitres). Cette intrigue resserrée pourtant constituée de nombreux fils thématiques témoigne d’une grande maîtrise narrative, servie par un style fluide et élégant. Très abouti, ce second roman laissait augurer une belle carrière littéraire, dans une veine assez sombre si j’en crois Mira, un très beau roman paru l’année dernière.

Un roman d’introspection très riche et abouti.

Le jour du chien - Caroline Lamarche

Le Jour du chien de Caroline Lamarche, édité par Daniel Arnaut

Espace Nord (Bruxelles), 2012

1re publication (éditions de Minuit) : 1996

* Le mois belge d’Anne et Mina *

10 commentaires:

  1. C'est original en tout cas comme point de départ! Le titre l'est tout autant! Je me rappelle bien de cette dame, que tu as rencontrée à la FLB ;) L'échange semblait riche et elle, plutôt sympa.

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    1. J'ai été plus surprise par le choix du traitement d'un tel point de départ que par ce thème en particulier personnellement. C'était un bel échange sur Mira, avec une auteure très disponible, un beau souvenir. :) Je regrette juste d'avoir tant de mal à trouver les mots pour parler de son écriture...

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  2. Tu en parles à merveille mais je ne suis pas sûre d'accrocher à la forme et au propos...

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    1. Merci pour le compliment (qui me fait d'autant plus plaisir que j'ai du mal à parler des romans de cette auteure sans tomber dans la paraphrase ; son écriture est particulière et difficile à décrire). Peut-être qu'un autre texte de l'auteure te conviendrait mieux et te permettrait de la découvrir.

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  3. Le thème, ce que tu en dévoile, me donne vraiment envie de le lire.

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    1. J'aimerais lire un autre avis à ce sujet, j'avais été étonnée par le traitement du sujet personnellement. Tant mieux si je t'ai tentée.

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  4. Je connais ce roman de nom seulement et tu me donnes envie de le découvrir ! Elle vient de publier aussi un texte assez court mais percutant sur le viol, dont je n'entends que du bien (La mémoire de l'air, si je me souviens mais pas sûre...)

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    1. Tant mieux si j'ai su te donner envie de le découvrir ! J'aurais sans doute tendance à te conseiller celui-ci avant Mira (plus onirique). Je crois que Nadège avait lu La mémoire de l'air (il me semble que c'est bien ce titre-là), j'en ignorais le sujet et n'ai pas trop envie de le lire en l'apprenant. Il me reste encore d'autres romans à découvrir de l'auteure.

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    2. Nadège9/4/14

      "Le Jour du chien" me tente depuis longtemps, ton billet me donne encore plus envie de le découvrir. Je n'ai pas encore lu "La mémoire de l'air" (j'attends un moment plus "propice"), mais je l'avais en effet à la foire du livre pour le faire dédicacer et j'ai, moi aussi, eu un très bel échange avec Caroline Lamarche.

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    3. Mes souvenirs n'étaient pas tout à fait erronés alors. Je comprends qu'il faut un moment propice pour un tel texte, c'est moins le cas du Jour du chien, même d'il demande une certaine disponibilité d'esprit.

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