Le double fond | Emmanuèle Sandron

Je l’avais frôlée dans l’escalier, cela m’avait suffi. J’avais été ébloui par les mille rayons invisibles qui émanaient de son petit tailleur mauve. […] j’ai senti que le bonheur passait tout près. Il aurait peut-être suffi de tendre la main… [p. 11-12]
AINSI commence l’histoire d’amour entre Estèle et le narrateur, dont le lecteur suivra les heureux débuts, puis les soubresauts et la fin chaotique. Celle-ci est annoncée à plusieurs reprises par des remarques sur certains évènements, en guise d’anticipation. Le narrateur se pose aussi bien en tant que témoin de sa propre histoire qu’en tant qu’analyste de celle-ci : la destruction progressive du couple est d’abord attribuée à la soif de connaissance de l’autre, qui va jusqu’à en faire une abstraction, puis à la lecture. Ces deux interprétations correspondent chacune à une partie du roman (Estèle et moi et Estèle ou moi) et y sont finement développées, en dépassant les propos « cliché » que l’on pourrait tenir à ce sujet. En parallèle, se pose la question de l’identité humaine : de quoi est-elle composée ? Est-elle ce qu’on montre ou ce qu’on cache ? Le conscient ou l’inconscient ? Faut-il chercher à découvrir le second chez l’autre ? Faut-il fusionner les identités pour créer celle du couple ? Toutes ces questions, intelligemment abordées par l’auteure, manquent malheureusement de cohérence dans la trame narrative, en particulier lors de la transition entre les deux parties. À vouloir aborder trop de sujets à la fois, l’auteure s’y est perdue et les a juxtaposés plutôt qu’entremêlés.

Un premier roman prometteur, mais pas suffisamment épuré. 


NOTE | Une semaine avec Luce Wilquin : Marilyne a lu un autre roman, dans la collection Sméraldine et non Hypatie (arrêtée depuis quelques années), où la littérature tient une place importante : Les Mots de Maud de Jean Jauniaux.

Le double fond - Emmanuèle Sandron

Le double fond d’Emmanuèle Sandron

Luce Wilquin (Avin), coll. Hypatie, 1997 – 1re publication

* Le mois belge d’Anne et Mina *

2 commentaires:

  1. Dommage pour la petite déception... C'est un vieil exemplaire, en effet ;-)

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    1. Il a vécu longtemps en cohabitation avec un trop petit livre pour le protéger du solei sans doute. ;)

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