Je l’avais frôlée dans l’escalier, cela m’avait suffi. J’avais été ébloui par les mille rayons invisibles qui émanaient de son petit tailleur mauve. […] j’ai senti que le bonheur passait tout près. Il aurait peut-être suffi de tendre la main… [p. 11-12]
AINSI commence l’histoire d’amour entre Estèle et le
narrateur, dont le lecteur suivra les heureux débuts, puis les soubresauts et
la fin chaotique. Celle-ci est annoncée à plusieurs reprises par des remarques
sur certains évènements, en guise d’anticipation. Le narrateur se pose aussi
bien en tant que témoin de sa propre histoire qu’en tant qu’analyste de
celle-ci : la destruction progressive du couple est d’abord attribuée à la
soif de connaissance de l’autre, qui va jusqu’à en faire une abstraction, puis
à la lecture. Ces deux interprétations correspondent chacune à une partie du
roman (Estèle et moi et Estèle ou moi) et y sont finement
développées, en dépassant les propos « cliché » que l’on pourrait
tenir à ce sujet. En parallèle, se pose la question de l’identité humaine :
de quoi est-elle composée ? Est-elle ce qu’on montre ou ce qu’on cache ?
Le conscient ou l’inconscient ? Faut-il chercher à découvrir le second
chez l’autre ? Faut-il fusionner les identités pour créer celle du couple ?
Toutes ces questions, intelligemment abordées par l’auteure, manquent
malheureusement de cohérence dans la trame narrative, en particulier lors de la
transition entre les deux parties. À vouloir aborder trop de sujets à la fois,
l’auteure s’y est perdue et les a juxtaposés plutôt qu’entremêlés.
Un premier roman prometteur, mais pas suffisamment épuré.
NOTE | Une semaine avec Luce Wilquin : Marilyne a lu un autre roman, dans la collection Sméraldine et non Hypatie (arrêtée depuis quelques années), où la littérature tient une place importante : Les Mots de Maud de Jean Jauniaux.
Le double fond d’Emmanuèle Sandron
Luce Wilquin (Avin), coll. Hypatie, 1997 – 1re
publication
Dommage pour la petite déception... C'est un vieil exemplaire, en effet ;-)
RépondreSupprimerIl a vécu longtemps en cohabitation avec un trop petit livre pour le protéger du solei sans doute. ;)
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