Cette histoire se passe en 1654. Mais peut-on vraiment parler d’histoire quand les personnages sont installés depuis si longtemps dans leur vieillesse, ou dans leur folie, que les accrocher l’un derrière l’autre, dans l’ordre adéquat et selon certaines règles éprouvées, ne suffit peut-être plus pour fabriquer un récit en bonne et due forme ? [p. 11]
DÈS L’INTRODUCTION, le ton est annoncé : la lenteur
sera de mise dans ce récit de la vieillesse et de l’attente. Geneviève Bergé
prend elle-même le temps d’interpeler son lecteur avec des interrogations méta-narratives,
en présentant ses personnages et en situant son intrigue. Cette dernière s’appuie
sur un fait historique – la réception d’un tableau flamand par le
collectionneur sicilien Antonio Ruffo – et met aussi bien en scène des
personnages historiques que fictifs, auxquels la parole est laissée, ou plus
précisément dont les pensées sont dévoilées. Un tel mode narratif impose un
certain ressassement, tant pour rendre compte des obsessions de chacun qu’en
raison de l’alternance des points de vue, et ralentit la progression de l’histoire.
Tout en appréciant le style de l’auteure et sa capacité à l’adapter à ses
personnages, le lecteur pourrait ressentir une certaine impatience et partager
ainsi l’attente décrite : celle d’un évènement, d’un fait annoncé ou de la
pleine vision du tableau enfin arrivé et à peine entr‘aperçu.
Cette sensation que l’histoire n’a jamais vraiment débuté,
ainsi que les réflexions méta-narratives de l’introduction, font de ce roman un
texte atypique, à propos duquel il m’est difficile de me prononcer du point de
vue de l’appréciation. Sans m’avoir plu, il ne m’a pas déplu, ni laissé
indifférente. Sans cesse balancée de l’admiration à l’agacement, j’en garde
avant tout l’impression d’avoir lu un roman véritablement contemplatif pour la
première fois. Il ne se passe rien, ou presque, et l’auteure parvient tout de
même à faire défiler les pages, sans tomber dans un style purement descriptif.
Un roman historico-contemplatif déstabilisant.
Le tableau de Giacomo de Geneviève Bergé
Luce Wilquin (Avin), collection Sméraldine, 2010 – 1re
publication
Celui-ci est un peu trop contemplatif pour moi
RépondreSupprimerJe comprends, c'est une écriture assez particulière, et j'ai été assez déstabilisée lors de ma lecture.
Supprimerje pense que j'aimerais lire un livre comme celui-ci
RépondreSupprimerJe serais curieuse d'avoir ton avis.
SupprimerSans doute trop lent pour moi, mais cela m'intrique tout de même. Je regarderai s'il est disponible en bibliothèque.
RépondreSupprimerJ'avais également été intriguée après l'article de Marie, qui me l'a prêté. Je serais curieuse de connaître ton avis si tu le trouves.
SupprimerVoilà un roman (peut-on parler de roman?) qui a l'air très intéressant et de qualité mais qui semble surtout demander d'être dans la disposition d'esprit pour apprécier !
RépondreSupprimerJe pense qu'on peut parler de roman, malgré son déroulement plus lent que d'autres. Même en étant dans de bonnes dispositions, cette lenteur voulue garde son étrangeté.
SupprimerIl m'a fait exactement le même effet et m'a laissée dans la même perplexité!
RépondreSupprimerC'est ce qui m'avait intriguée dans ton article, je me demandais comment je le ressentirais : maintenant, je sais...
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