À L’INSTAR des frères Grimm en Allemagne, Alexandre
Afanassiev a passé une partie de sa vie à réunir et éditer des contes populaires
de son pays, dont ces « contes érotiques » publiés peu de temps après
sa mort. Leur origine populaire les classe d’emblée dans une forme d’érotisme
plutôt grivoise et paillarde, telle qu’on la retrouve dans les Cent nouvelles nouvelles et les contes
de La Fontaine dans le domaine français, ainsi que dans le Decameron de Boccaccio en Italie par exemple. Après quelques contes
animaliers mettant en scène de lubriques moineaux en train de reluquer une jument, une renarde
piégée par un lièvre ou séduite par un chat, un ours bagarreur aux prises avec
une femme, ou encore un loup qui paie bien chèrement sa gourmandise, suivent
une majorité de récits se déroulant dans un cadre campagnard et villageois. Nul
ne semble épargné, pas plus les femmes que les hommes ; les moujiks,
barines et popes sont tour à tour les amants ou les cocus, les idiots ou les
rusés, voire les arroseurs arrosés. Contrairement à d’autres recueils européens,
les femmes ont rarement le beau rôle dans celui-ci : soumises à leur mari
ou à leur amant, elles sont souvent les victimes de sa bêtise, quand un étranger
de passage ne décide pas de punir gratuitement le couple illégitime. À peine
quelques-unes s’en sortent mieux, en faisant preuve de davantage de ruse et d’initiative.
Ces rôles-types et la récurrence du schéma narratif rendent ces récits assez
répétitifs lors d’une lecture suivie, que je déconseille pour cette raison,
bien qu’il soit assez intéressant de comparer les différentes variantes d’un
même conte, grâce aux regroupements opérés par Afanassiev.
Des contes grivois et humoristiques.
NOTE | Désir, amour et libertinage : Marilyne vous emmène aujourd'hui en Chine.
Contes érotiques russes d’A. N. Afanassiev, traduit du russe
par Arthur Rubinstein avec la collaboration de Jean-Paul Maurel
Éditions du Rocher (Monaco), collection Motifs, 2007
1re publication (posthume, en Suisse) : 1872
1re traduction française (Nouvelles Éditions
Seguier) : 1994
Pas grand-chose à voir avec la choucroute, mais ton allusion au Decameron me fait penser aux Contes drôlatiques de Balzac. Les as-tu lus? Ils sont bien dans l'esprit des contes traditionnels un peu grivois, mais ce qu'ils ont de savoureux (enfin dans mon souvenir, qui remonte à 20 ans...), c'est le vocabulaire.
RépondreSupprimerNon, je ne les ai jamais lus. Je les feuilletterais bien pour m'en faire une idée avant de me décider : la grivoiserie et moi ne nous entendons que d'assez loin et occasionnellement, mais si le vocabulaire a de quoi relever mon intérêt, pourquoi pas.
SupprimerJe n'ai jamais lu de littérature érotique à proprement parler. Comme il y a une activité autour de la Russie sur WD, ce serait peut-être une occasion pour s'y initier. Cela dit, j'ai déjà un programme de lecture conséquent pour l'instant :-)
RépondreSupprimerCe versant grivois de l'érotisme n'est pas celui que je préfère, mais ça pourrait être une initiation comme une autre. Je ne doute pas que tu aies déjà d'autres projets (québecois, peut-être ?) après la FLB...
Supprimer(WD ? Qu'est-ce que c'est ?)
Je ne connaissais pas du tout Alexandre Afanassiev le Grimm des contes érotiques. Merci pour cette découverte.
RépondreSupprimerJe ne le connaissais pas du tout non plus, avant de commencer une recherche de contes érotiques en librairie.
SupprimerIntéressant, un cadeau à offrir et à lire en couple pour les longues soirées d'hiver ;)
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