Vendredi 1er octobre. 17 heures 43. Une vieille camionnette s’ébranle sur l’étroit chemin qui longe le fleuve, à P.
Une femme ne la quitte pas des yeux, au balcon de sa coquette maison 1900. Elle s’appelle Bérengère.
Une autre femme s’est postée dans la loggia de la demeure voisine, elle allume une cigarette en suivant des yeux le véhicule sombre, elle respire trop vite, ouvre soudain la fenêtre et jette sa cigarette dans le parterre du jardinet. Elle s’appelle Églantine. [p. 103]
LES TROIS NOUVELLES D’ÉVELYNE WILWERTH mettent en scène une rencontre entre deux personnes, ainsi que l’annoncent d’emblée les titres : Yanaël, Angelika ; Phil, Fred ; Églantine, Bérengère. Ces personnages sont tous torturés, rongés par un secret, que la rencontre éphémère les amènera à révéler pour, enfin, se libérer et entrevoir une lumière au bout du tunnel. Pour les personnages comme pour le lecteur, le cadre est posé dès le début : une réunion de quelques jours, d’une cinquantaine de pages, puis tous se sépareront, reprendront leur chemin.
Ce cadre est rythmé précisément par Évelyne Wilwerth avec les jours et les heures, quelques mots sur la situation des personnages, qui viennent entrecouper leurs points de vue respectifs. Les narrations à la troisième et à la première personne du singulier sont ainsi alternées, dans un style assez oral, direct, au fil des pensées. Le lecteur accompagne véritablement ces narrateurs, se sent proche d’eux et développe de l’empathie à leur égard.
Si les situations de ces rencontres peuvent sembler banales au premier abord, Évelyne Wilwerth sait en jouer et déjouer les attentes du lecteur, en particulier dans la première nouvelle : elle y crée de « mini-chutes » au sein de la nouvelle, laissant le lecteur deviner la situation, puis le détrompe abruptement. Les pensées sont souvent livrées de façon brute, comme autant d’indices et de pièces d’un puzzle à reconstituer. Le suspense des révélations progressives est bien ménagé, à la fois respectueux de la psychologie des personnages – pour qui il n’est pas facile de dire ou d’entendre de telles choses – et tatillon pour le lecteur.
Je vais rentrer chez moi ce soir. Et, quoi qu’il arrive, construire la nacelle de ma vie. [p. 100]
Des nouvelles de l’ombre à la lumière, vers l’espoir.
Ton billet ne sent pas le coup de coeur, je me trompe ?
RépondreSupprimerTu me connais assez pour le sentir avec justesse : un bon recueil, oui, mais toujours pas le coup de cœur du mois...
Supprimerj'aime bien les nouvelles, à voir...
SupprimerJe l'avais repéré ce recueil mais tu me refroidis un peu. J'apprends à aimer les nouvelles mais j'y vais doucement ;-)
RépondreSupprimerDommage si je te refroidis : qu'est-ce qui te plaît moins ? Je m'en voudrais de couper ton élan vers les nouvelles, en tout cas. :)
Supprimer