LES CONTES DE MAUPASSANT réunis dans ce recueil semblent se diviser selon deux inspirations : l’une véritablement grivoise et une autre plutôt teintée de nostalgie d’un autre siècle. Les contes grivois mettent en scène un milieu bourgeois ou d’arrivistes (les nouveaux riches, les actrices et prostituées mondaines, par exemple), dont les travers sont moqués. Ainsi, Une partie de campagne raille la mode des après-midis campagnards, où l’on feint de trouver l’air plus pur et de regretter la vie en ville. L’anecdote du Gâteau met quant à elle en scène une mondaine qui refuse la vieillesse et la perte de ses amants. Les historiettes sont majoritairement composées de mésaventures, d’humiliations pour les personnages et d’occasions de sourires (francs ou amers) pour le lecteur. Néanmoins, quelques personnages semblent échapper à l’ironie de Maupassant, notamment les jeunes filles encore innocentes et pleines des illusions de leur âge. Une certaine tendresse adoucit le trait lors de leur évocation ; la sincérité de leurs rêves et de leur mélancolie attendrirait-elle le conteur ?
Maupassant semble également plus indulgent avec les dandys ou autres personnages nostalgiques de la galanterie du siècle passé. La vieille dame de Jadis, qui ouvre le recueil, illustre bien cette inspiration, ainsi que le changement culturel opéré à l’égard de l’amour : celui-ci n’est plus un jeu de société oisive, mais une passion dévastatrice et meurtrière, du moins dans la littérature et de façon officielle ; les nouvelles grivoises montrent bien ce qu’il en est sous le vernis bien-pensant. Les dandys du Verrou, par leur capacité d’autodérision, ramènent un peu de légèreté à l’amour, sans que l’ironie du conteur n’ait à se rajouter à la leur.
Outre le sujet des aventures amoureuses, l’ensemble des nouvelles du recueil ont pour point commun le style de Maupassant, bien peu grivois. Il n’use jamais des mots crus, leur préférant diverses métaphores en fonction des personnages ou « gazer » la scène avec élégance. C’est ce qui rend la lecture de ces nouvelles si agréable et leur a peut-être permis de si bien vieillir.
Contes grivois de Maupassant, préfacés par Georges Belle
Contes et romans, T. XII, France Loisirs (Paris), 1993
1re publication (en revue) : entre 1880 et 1891
Contes et romans, T. XII, France Loisirs (Paris), 1993
1re publication (en revue) : entre 1880 et 1891
Mmmm tu m'as donné envie de (re)lire Maupassant. "Transports amoureux" contient un de ses nouvelles et j'avais trouvé cela très plaisant.
RépondreSupprimerTant mieux ! Il faudrait que je me décide à lire un de ses romans à l'occasion. Il me semble plus plaisant que je ne m'y attends à chaque lecture.
SupprimerTu vas me faire regretter de ne pas avoir lu de Maupassant cet été (je n'ai lu qu'une ou deux nouvelles). J'adore son style ! Chez moi j'ai tous les Maupassant (de la même collection que toi d'ailleurs), je me demande si je ne vais pas piocher un livre dedans avant la rentrée...
RépondreSupprimerBelle collection de Maupassant alors ! Je n'ai que ce volume-ci, acheté d'occasion, et d'autres titres dans d'autres éditions de poche. Je me laisse peu à peu charmer par l'auteur et son style, en chassant mes a priori.
SupprimerBonne lecture, autant t'accorder ce plaisir avant la rentrée.