DANS CETTE BIOGRAPHIE DE VERLAINE, Christophe Dauphin livre un portrait très contrasté du poète, dont la vie a sans cesse oscillé entre bas-fonds et quête du sublime : ivrognerie violente et pieuse soumission à Dieu, scandaleuse relation avec Rimbaud et mariage bourgeois avec Mathilde, poésie tour à tour crue et délicate se sont alternés, non sans heurts et désespoir. Aucun de ces aspects n’est occulté par Christophe Dauphin, qui ne s’y attarde néanmoins pas, privilégiant une étude du poète plutôt que de l’homme. Plusieurs analyses des recueils poétiques de Verlaine, au fil de leurs publications, sont ainsi proposées, en parallèle d’extraits de critique littéraire témoignant de la réception de son œuvre.
Chacun retient un Verlaine selon sa sensibilité, en négligeant le poète dans sa globalité. Un jugement hâtif condamne donc à l’oubli les deux tiers de l’œuvre. [p. 6]
Fort de cette observation sur les études précédentes de l’œuvre de Verlaine et de la critique qui en a été faite, Christophe Dauphin parcourt l’ensemble de l’œuvre poétique verlainienne. Sa prose est également mentionnée, mais plus rapidement et considérée comme de qualité moindre, à l’instar de ses derniers recueils de poèmes, fort peu connus d’ailleurs : outre la trilogie chrétienne composée de Sagesse, Amour et Bonheur et les Chansons pour elles, qui connaît les Dédicaces, les Liturgies intimes, les Odes en son honneur ou encore les Invectives ? Les jugements de valeur ne sont donc guère absents, malgré la dénonciation de l’attitude visant à privilégier « un » Verlaine, au détriment du poète polymorphe, celui des bas-fonds du sublime. Si Christophe Dauphin aborde l’ensemble de sa production, il n’en marque pas moins sa préférence pour la poésie musicale, éthérée, celle du flou et de la mélancolie, cette nouvelle sensibilité qui ouvre la voie au vers libre.
NOTE : si vous cherchez une biographie plus exhaustive quant à la vie de Verlaine en tant qu’« homme », celle de Jean-Baptiste Baronian dans la collection Folio Biographie m’a paru accessible (mais manquer d’attention quant au travail de poète, mieux mis en évidence dans cet ouvrage de Christophe Dauphin).
Verlaine ou les bas-fonds du sublime (essai suivi d’un choix de poèmes) de Christophe Dauphin
Éditions de Saint Mont (l’Isle Adam), 2006 – 1re publication
* Projet non fiction *
Éditions de Saint Mont (l’Isle Adam), 2006 – 1re publication
* Projet non fiction *
Je n'ai encore jamais lu Verlaine (ou petut-être à l'école ? ), ni Rimbaud d'ailleurs. Je songe évidemment à rattraper cette lacune et ton billet me rappelle à l'ordre ! Merci ;) Cette biographie a l'air très intéressante !
RépondreSupprimerJ'imagine que tu as dû lire à l'école Il pleure dans mon coeur et Le dormeur du Val, au moins ; c'est par ces poèmes que j'ai découvert les deux poètes. J'aime énormément Verlaine, en particulier ses premiers recueils, que je ne peux que t'encourager à lire ! L'homme me plaît moins, depuis la lecture de cette biographie et de celle de Folio, mais c'est intéressant aussi de voir comment une telle œuvre a pu naître, comme le montre Christophe Dauphin.
SupprimerTu as dû te régaler ! le balancement entre sa femme et Rimbaud est évoqué dans le roman de Françoise Lalande sur Germain Nouveau.
RépondreSupprimerEt j'ai pensé à toi en lisant que Rimbaud avait rejoint Germain Nouveau à Londres pendant que Verlaine était en prison. ;)
SupprimerPas vraiment régalée pendant la lecture de la biographie, Verlaine ne me plaît pas beaucoup en tant qu'homme, mais la relecture de sa poésie dans la sélection choisie est toujours un délice.