L'île blanche | Bruno Krebs

La nuit palpite bleue
entre les feuillages déteints
bouffées tièdes puis glacées
librairie encore ouverte près de la gare
faux plancher plastifié cartes postales format géant
poupées-souvenirs liqueurs et best-sellers
classés sans principe évident
[p. 131]
DANS L’ÎLE BLANCHE, Bruno Krebs semble avoir réduit sa narration à l’essentiel : des phrases longues, sans ponctuation, mais divisées en vers et strophes brefs. La structure grammaticale s’en trouve bousculée, certains mots intervertis ou supprimés pour faire place à une énumération descriptive, telle que celle-ci-dessus, ou à une suite de sensations ou encore de quelques faits. Ces derniers s’enchaînent sans lien forcément évident, sinon les voyages du narrateur, ses malchances, retrouvailles et correspondances souvent manquées. Le ton est assez désabusé, mais ne manque pas d’humour ni d’une touche d’absurde ; c’est la vie, dans tout son ridicule tragique, son drame futile, sa poésie, sa crudité et ses errances que raconte Bruno Krebs, en quelques bribes chuchotées, criées, narrées, décrites ou psalmodiées. Les récits se succèdent et s’enchevêtrent comme les illustrations de Monique Tello, sans se livrer à la légère.
chambre au fond du couloir sur le lit tout habillés
d’amour pas question seulement dans la pénombre
échanger quelques bribes chuchotées
[p. 90]

L'île blanche - Bruno Krebs

L’île blanche de Bruno Krebs, illustré par Monique Tello, prière d’insérer de Marc Wetzel

L’Atelier contemporain (Strasbourg), 2015 – 1re publication


* SP reçu de l’éditeur *

4 commentaires:

  1. J'aime les extraits que tu cites, je me demande si je saurais lire jusqu'au bout avec une telle économie de moyens. Je suppose que oui.

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    1. J'ai fait quelques pauses dans la lecture, c'est un texte assez exigeant, qui demande une certaine attention continue, mais pas de problème non plus pour aller jusqu'au bout (j'ai confiance en ta capacité de lecture pour ne pas te laisser arrêter par l'économie des moyens).

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  2. Ça ne me déplait pas a priori. Une sorte de pont entre la narration et la poésie ?

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    1. Je crois qu'on pourrait le qualifier de cette façon, et l'image du pont correspond bien à l'auteur et à ses voyages en bateau.

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