Mais comme le jeu du soleil et du nuage dans le ciel n’est pas vraiment sans importance et n’est pas un jeu en réalité, mais seulement en apparence, ainsi en est-il de cette humble histoire de ces deux êtres obscurs, dans le désœuvrement d’un jour de pluie. [Nuage et soleil, p. 59]
RABINDRANATH TAGORE conte dans ces deux nouvelles des histoires d’amour discrètes, presque banales, dont ne prennent pas immédiatement conscience les protagonistes. Trop fiers ou l’esprit accaparé par d’autres préoccupations, la petite mariée et le jeune précepteur de Nuage et soleil ne comprennent pas d’emblée les sentiments qui les animent, ni le bonheur qui est le leur. L’intrigue se déroule alors comme un conte initiatique, en passant par des étapes symboliques telles que la séparation, la prise de conscience, le repentir et la nostalgie du bonheur dédaigné. La petite mariée, en particulier, suit ce schéma narratif pour représenter le passage de l’enfance à l’âge adulte. Nuage et soleil hérite en outre du vocabulaire imagé du conte : Rabindranath Tagore y déploie de jolies comparaisons entre les jeux du soleil et des nuages avec les vaines agitations humaines. C’est cette jolie écriture, agréable, qui pourrait me faire revenir vers cet auteur, davantage que les histoires peu marquantes.
Des nouvelles d’amour indiennes.
NOTE | Autour de Rabindranath Tagore : je voyage à nouveau en compagnie de Marilyne, qui a choisi les nouvelles Aux bords du Gange.
La petite mariée suivi de Nuage et soleil de Rabindranath Tagore, nouvelles extraites de Le vagabond et autres histoires, traduites du bengali par Christine Bossennec et Kamaleswar Bhattacharya
Gallimard (Paris), coll. Folio 2€, 2004
1re publication (Inde) : 20e siècle
1re traduction française (Unesco) : 1962
Gallimard (Paris), coll. Folio 2€, 2004
1re publication (Inde) : 20e siècle
1re traduction française (Unesco) : 1962
Effectivement, le recueil que j'ai lu paraît plus varié et plus riche, notamment quant à la société indienne traditionnelle et la dimension de contes. Nous nous retrouvons sur le plaisir de lire cette écriture. Je crois que tu pourrais tenter " Aux bords du Gange ", une lecture très agréable.
RépondreSupprimerEn te lisant, je me suis rendu compte à quel point ces deux nouvelles étaient imprégnées par la société indienne de l'époque, mais j'y ai surtout vu la dimension universelle, en partie due aux contes. Je chercherai "Aux bords du Gange" avant d'autres textes éventuellement.
SupprimerJ'ai déniché par hasard "Le vagabond et autres histoires" dans une brocante l'été dernier sans du tout savoir de quoi il retourne. J'espère que sur l'ensemble du recueil, les nouvelles s'harmonisent et deviennent un peu plus marquantes unes au regard des autres ! Il est bon à savoir que l'écriture est délicate, en tout cas !
RépondreSupprimerJe suis restée sur ma faim avec ces deux nouvelles seulement et me demandais si je n'aurais pas apprécié le recueil dans son ensemble, justement. Ca m'intéresserait d'avoir ton point de vue à ce sujet. Dans quelle édition as-tu ce recueil ? (avec un peu de chance, elle n'est pas épuisée, et je la trouverai peut-être)
SupprimerBeau passage, pour ouvrir ce billet. Je ne connais pas ces nouvelles. Le thème du mariage et du bonheur, souvent incompatibles dans les familles indiennes conservatrices, est aussi celui du roman "Kumudini".
RépondreSupprimerMerci pour ce conseil, que je note. Je me demande comment Tagore a pu déployer le même thème plus longuement. Dans ces contes/nouvelles-ci, le bonheur semble tout de même possible au sein du mariage.
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