On s'y fera | Zoyâ Pirzâd

ZOYÂ PIRZÂD déploie dans ce roman un univers très féminin, composé des femmes gravitant autour d’Arezou : amie, mère, fille, famille éloignée ou voisines. Les hommes sont honnis, bannis, à peine tolérés dans ce gynécée. Revenues des illusions et des amours de leur jeunesse, Arezou et son amie se targuent d’une certaine indépendance féministe, permise par leur aisance financière, leur situation sociale et familiale, ainsi que par la position professionnelle qu’elles occupent (elles dirigent leur propre agence immobilière). Hautaines, persuadées de la justesse de leur jugement et bavardes, elles appartiennent à la tradition de ces héroïnes à la fois proches des lectrices de ces romans et à même de faire rêver par leur vie trépidante ; en d’autres termes, à ces personnages qui m’agacent terriblement.

Heureusement, en connaissant ces clichés dont elle se moque par des allusions aux « Danielle Steel iraniennes », Zoyâ Pirzâd les dépasse et nuance davantage ses personnages dans la seconde moitié du roman. En se recentrant sur elle-même, en prenant conscience de ses failles et en se remettant en question face aux réflexions piquantes de sa fille, Arezou paraît plus touchante et supportable. Par effet de miroir, les autres figures féminines évoluent elles aussi, se radicalisent parfois et brisent leur image romanesque trop parfaite. Dans la même lignée, la fin du roman ne laisse pas la lectrice sur une sensation uniforme de bonheur : l’ouverture laisse présager une suite, à imaginer ou qui sera publiée plus tard, et laisse avec des questions en suspens, sans être sûr de l’avenir heureux de toutes ces femmes.

Un roman féminin léger et dépaysant.

NOTE | Autour de Zoyâ Pirzâd : Marilyne et moi avons découvert cette auteure iranienne depuis longtemps notée, avec ce roman et le recueil de nouvelles Un jour avant Pâques.

On s'y fera - Zoya Pirzad

On s’y fera de Zoyâ Pirzâd, traduit du persan par Christophe Balaÿ

Le Livre de poche (Paris), 2008

1re publication (Iran) : 2004
1re traduction française (Zulma) : 2007

8 commentaires:

  1. Tu donnes plus envie de lire l'auteur que tes complices Maryline, Kathel; (j'en oublie?)

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    1. Ah bon ? C'est que j'ai réussi à le présenter en dépassant bien mon agacement, tant mieux, je pense être celle qui a le moins apprécié sa lecture. Je lui reconnais des qualités à ce roman, mais qui ne sont plus celles que j'attends. Ce n'est vraiment que la fin qui sauve l'ensemble à mes yeux.

      Je crois que Sabine (le petit carré jaune) l'a lue aussi et a aimé. ;)

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  2. J'avais noté un autre titre sur je ne sais plus quel blog. Comme vous êtes deux à "bémoliser", je vais mettre un ? devant le titre noté ! ;-)

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    1. Pour reprendre ton expression, c'est agréable, mais ça ne casse pas trois pattes à un canard (pour ce roman-ci en tout cas). A toi de voir si tu as envie d'une lecture légère un jour de passage en librairie.

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  3. Autant je souhaitais découvrir l'auteure, autant ce roman me tentait peu par son sujet, sa trame. Tout va bien, donc. Il est possible que je renouvelle tout de même, avec le recueil de nouvelles " Le goût âpre des kakis "

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    1. C'est pour cette raison que j'avais été étonnée que tu m'accompagnes dans cette lecture, je savais que ce n'était pas tes thèmes du tout (et n'avais pas encore regardé en détail la bibliographie de l'auteure). J'attendrai ta lecture du recueil de nouvelles, je manque d'envie de m'y risquer à nouveau pour le moment.

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  4. J'ai beaucoup aimé "C’est moi qui éteins les lumières" et "Un jour avant Pâques", ce qui me ferait faire confiance à cette romancière - mais je note un bémol chez toi pour ce roman-ci qui est antérieur.

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    1. Peut-être l'univers de l'auteure ne me convient-il pas, il faudrait que je lise un autre roman ou un recueil de nouvelles pour m'en assurer. J'espère que tu seras plus séduite que moi par cette lecture.

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