Haut les filles ! | Calouan

CALOUAN dresse dans ce recueil de nouvelles une galerie de portraits féminins, à travers une série d’instants isolés, porteurs d’une émotion particulière. Depuis le désir de plaire et la « souffrance pour être belle » (Talons hauts) jusqu’à la révolte (Sang), chaque femme illustre à sa façon un rapport possible à l’amour et aux hommes : désir, séduction, tendresse, espoir, manque, deuil, dégoût, violence, peur, ou plus rarement indifférence. L’auteure parvient en quelques lignes à rendre compte de tous ces sentiments et à les susciter auprès du lecteur. L’écriture du désespoir lui réussit aussi bien que celle de l’érotisme ou des premiers émois amoureux.

Tout en jouant ainsi sur plusieurs cordes émotionnelles, Calouan n’en garde pas moins une identité stylistique, grâce à un usage minimaliste de la ponctuation (les virgules sont notamment peu employées ou pas toujours à l’endroit où je l’aurais traditionnellement fait). Cela crée une forme d’insistance lors des énumérations non ponctuées, en évitant une impression de halètement et de rythme entrecoupé.

Malheureusement, le choix thématique très affirmé des rapports entre femmes et hommes a pour conséquence une certaine uniformisation de la figure féminine, malgré la diversité des caractères dépeints : toutes les femmes du recueil semblent dépendantes, en attente ou en manque d’un autre. Aucune ne semble s’épanouir dans l’indépendance ou tout simplement indépendamment d’un homme, à moins d’un bouleversement violent. Cette prise de position m’a dérangée et semblé être en contradiction avec l’annonce d’un « patchwork des femmes d’aujourd’hui » [quatrième de couverture], qui ne se limitent pas à leur besoin d’un homme.

Des nouvelles de l’amour et du désir, d’un point de vue féminin.
                                                                
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Haut les filles ! de Calouan

Quadrature (Louvain-la-Neuve), 2009 – 1re publication

* À la découverte de Quadrature *

16 commentaires:

  1. Je me rappelle de notre échange à Namur au sujet de ce recueil, et de cette forte dépendance de la femme à l'homme. Malgré tout, je pense que ce sont des histoires qui pourraient me toucher. Une autre idée pour le challenge ;)

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    1. C'est un aspect qui m'a marquée dans ces nouvelles, ça ne sera peut-être pas ton cas, et je pense que certaines pourraient te plaire.

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  2. Des femmes dépendantes, ça ne me dit pas trop a priori...

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    1. Dit comme ça, j'ai peut-être utilisé un terme un peu fort... Mais je l'ai ressenti de cette façon et je me doutais que ça ne te ferait pas vraiment envie.

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  3. Dommage, ton dernier paragraphe sape l'envie... Comme Anne, les femmes dépendantes ne me tentent pas trop sur le coup...

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    1. Désolée pour le dernier paragraphe. :s Ca a aussi un peu sapé ma lecture, même si je reconnais d'indéniables qualités d'écriture en relisant certaines nouvelles. Une fois encore, c'est au niveau du recueil que ça coince pour moi.

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  4. Ce n'est absolument pas pour moi au cas où tu ne t'en douterais pas déjà ;)
    En revanche, j'aime beaucoup l'illustration.

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    1. J'aurais pu m'en douter, même sans ce bémol. ;) J'aime beaucoup l'illustration aussi, ça me console un peu, il est au moins joli dans ma bibliothèque.

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  5. Dommage, dommage, le début de ton billet, cette expression " une série d’instants isolés, porteurs d’une émotion particulière ", me disait la lecture d'un autre recueil Quadrature... mais ton bémol ne va pas être supportable pour moi :)

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    1. Dommage, oui... Je crains que tu ne relèves toi aussi ce bémol lors d'une lecture.

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  6. Hé bien, pour ma part, si j'en avais le temps, je me dirais pourquoi pas ? Ces nouvelles qui racontent la dépendance, au sens large, des femmes envers les hommes, me font me demander si les femmes ne sont pas ces êtres toujours dépendantes au final ? Même la femme la plus indépendante s'est elle réellement affranchie de la présence masculine ? A moins d'être lesbienne ? Si l'on pense à Simone de Beauvoir, bien qu'elle ait eu une relation libre avec Sartre, ce n'était pas sans peine de coeur, sans jalousie, il me semble... Ces nouvelles me font aussi penser à celles de Virginie Despentes dans Mordre au travers. Mais je les ai lues il y a bien longtemps, je ne sais si c'est comparable.

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    1. Dommage que vous n'en ayez pas le temps... Mais ces nouvelles sont parues il y a quelques années, elles peuvent bien encore attendre (je n'ai eu aucun mal à les trouver en librairie).

      Je me suis aussi posé cette question suite à la lecture et à ce sentiment dérangeant qui me restait, sans y avoir donné de réponse encore. En revanche, je reste persuadée qu'elles ne sont pas que dépendantes des hommes : elles peuvent aussi être approchées différemment, avec un autre angle de vue ou une conception de l'amour différente (comme le lesbianisme, mais on pourrait aussi dire que c'est toujours une dépendance à l'autre, à une autre personne*). C'est surtout cette conception "unique" qui m'a dérangée dans un recueil qui se veut représentatif de plusieurs femmes.

      Je ne connais pas ces nouvelles de Virginie Despentes, je me renseignerai et les lirai peut-être.
      Merci d'avoir soulevé cette question de la dépendance en tout cas.

      * Dans le recueil, il est majoritairement question des hommes, mais une nouvelle aborde plutôt une relation mère-fille, toujours avec cette dépendance à l'autre.

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    2. Oui, je comprends votre point de vue. Pour le recueil de Virginie Despentes, je l'avais acheté à l'époque dans la collection Librio, à 10 francs... C'est dire si ça remonte loin ! Si jamais vous le lisez, je serais curieuse de lire votre avis, car j'avoue avoir oublié la majorité des histoires...sauf une, "Sale grosse truie". Je crois que V.D. racontait surtout la douleur féminine, bien qu' en filigrane on retrouve la question de la dépendance. Belle journée :-)

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    3. Je viens de le trouver sur le site de Librio, il doit donc encore être possible de le commander. Je serais vraiment curieuse de le lire, je vous en ferai moi aussi un rapport. ;)
      Belle journée.

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  7. Tu sais que je ne suis vraiment pas nouvelles...alors, du coup...j'hésite...

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    1. Si tu n'aimes pas trop les nouvelles, ce n'est pas celles-là que je te conseillerais ; non pas pour leur sujet, mais leur construction. C'est typiquement le type de nouvelles que j'aime, qui s'attardent sur un instant, mais qui laissent d'autres sur leur faim. Si c'est ce que tu n'aimes pas dans les nouvelles, celles-ci ne sont pas pour toi.

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