L'Horizon n'est pas la mer | Pierre Coran & Roger Somville


p. 38
EN TROIS ACTES (Le sac et la corde, Le vague et l’éphémère, Le grand jour), Pierre Coran retrace les errances puis la plénitude retrouvée d’un personnage, qu’on ne connaît que sous le pronom « il », en caractères romains puis italiques. « Entré en lui[-même] / Sans rencontrer de porte » [p. 6], le personnage se livre à une analyse de sa vie et de son esprit, en cherchant à se dépouiller des monstres qui le peuplent, des préjugés et des vanités. Cela donne lieu à des vers assez sombres, très visuels et faisant surgir de multiples figures infernales. Vient ensuite la recherche, placée sous le signe de la mer et de la nuit ; la quête du jour, qui sera atteint dans la troisième partie, joue ensuite du lexique de la lumière.

Ces poèmes sont accompagnés de peintures de Roger Somville, qui ont inspiré Pierre Coran. Il s’agit le plus souvent de visages d’homme ou de singe, aux regards très expressifs. Les teintes sont très sombres, et le noir domine, en particulier dans les arrière-plans. Ces éléments graphiques ne sont néanmoins pas les seuls à agrémenter le texte : la typographie est utilisée de façon intéressante, en cherchant à mimer certains mouvements (une augmentation de la taille des caractères sur l’adjectif « croissantes », un jeu sur les exposants pour reconstituer les « vagues déferlantes » ou « la houle », ou encore une police grise plutôt que noire pour le mot « brume »). Tous ces éléments font de ce livre un bel objet, tout à fait intéressant, et donnent vie à ce long poème.

Une belle introspection poétique.

NOTE | Une semaine avec Luce Wilquin : Anne a quant à elle choisi un titre féminin dans la collection poétique Zobéide (arrêtée depuis quelques années) : Champs mêlés de Colette Nys-Mazure et Françoise Lison-Leroy.

L'horizon n'est pas la mer - Pierre Coran et Roger Somville

L’Horizon n’est pas la mer. Regards conjugués de Pierre Coran (poème) et Roger Somville (peintures)

Luce Wilquin (Avin), coll. Zobéide, 1996 – 1re publication

* Le mois belge d’Anne et Mina *

6 commentaires:

  1. Ton billet, encore une fois, est très alléchant. J'aime l'idée d'un cheminement tant poétique que graphique.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai moi aussi beaucoup apprécié ce jeu sur le graphisme : il était assez rare pour ne pas devenir dérangeant pour la lecture et était toujours une belle surprise. Malheureusement, je ne sais pas si ce livre se trouve encore facilement...

      Supprimer
  2. En effet, cela a l'air d'un bel objet ! Je connais le nom de Roger Somville, mais pas son travail, j'avoue, ça donne envie de découvrir. Et Pierre Coran, je ne le connais que de nom aussi, peut-être un texte par-ci par-là dans une anthologie ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne connaissais ni l'un ni l'autre, même de nom, ce fut une découverte totale... Si je n'avais pas épuisé les réserves de Zobéide de la bibliothèque, j'aurais bien lu d'autres titres de la collection, qui me paraît vraiment intéressante.

      Supprimer
  3. La collection est arrêtée mais les titres au catalogue sont-ils encore publiés ? ( parce que très curieuse )

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je viens de faire une recherche avec deux titres sur un site de vente en ligne, et on peut apparemment les commander. Ca doit donc être possible en librairie aussi (je doute qu'on les y trouve encore dans les rayons, mais sait-on jamais).

      Supprimer

NOTE : tous les commentaires sont les bienvenus et modérés avant publication. Il est plus sympathique de savoir à qui l'on écrit, plutôt qu'à un "anonyme" ; je vous invite donc à utiliser la fonction "Nom/URL" pour indiquer votre nom ou pseudonyme si vous n'avez pas de compte pour vous identifier (la case de l'URL est facultative).