Écrire la biographie de Colette Nys-Mazure est une gageure. Sa vie transparaît dans tous ses écrits. Chaque essai, chaque poème, chaque recueil de nouvelles est nourri de ses expériences. Sans entrer dans le jeu de l’autofiction, elle se livre et se laisse lire à travers ses phrases qu’elle travaille avec amour et exigence. Cette biographie, Colette Nys-Mazure l’écrit et la vit au jour le jour, ajoutant chaque année de nouveaux textes et de nouvelles expériences à une œuvre d’une richesse féconde. [Extrait de la quatrième de couverture]
PLUTÔT qu’une biographie, contrairement à ce que pourrait
laisser penser la quatrième de couverture, Mathieu Gimenez propose dans cet
ouvrage une étude de l’œuvre de Colette Nys-Mazure, en sélectionnant quelques
grandes lignes directrices qui la traversent, à commencer par la « merveille
d’être au monde ». Sans ignorer les ombres et les épreuves de la vie, cette
auteure choisit en effet délibérément la lumière et la joie d’exister. Ce point
de vue se reflète dans l’ensemble de sa bibliographie, notamment à travers des
personnages féminins en proie au doute, mais espérant toujours et parvenant
souvent à trouver la force d’avancer encore : « la douleur est chevillée à l’espérance » [citation, p. 52]
semble être le credo de nombreux personnages traversant une épreuve, telle que
la mort.
La poésie de la vie de tous les jours est également l’un des
thèmes récurrents de l’auteure, bien connue pour sa Célébration du quotidien. Celle-ci passe par une attention aux
choses dites ordinaires et par une contemplation constante, ou au moins
régulière, du monde environnant. Ancrée dans son « Espace Nord »,
Colette Nys-Mazure l’évoque bien souvent dans ses textes, tout en veillant à ce
que chaque lecteur puisse imaginer le lieu habité et se retrouver dans l’attitude
d’observation des personnages, qu’importe le genre dans lequel ils sont
présents. Poésie en vers ou en prose, nouvelles, essais, récits : son œuvre
prend de multiples formes pour (re)dire sa quête de lumière, ses angoisses
parfois, ses découvertes littéraires (elle n’hésite pas à user de la citation
et à laisser humblement d’autres sur le devant de la scène dans ses écrits) et
son espérance chrétienne, entre autres.
Toutes ces caractéristiques sont minutieusement étudiées à
travers quelques œuvres choisies, en privilégiant un parcours thématique. Les
convergences au sein des textes sont ainsi mises en évidence et confirment l’appartenance
de Colette Nys-Mazure à un courant unanimiste, se moquant des genres et des
frontières, préférant qualifier tout simplement son écriture de poétique, dans
l’entretien avec Mathieu Gimenez transcrit à la fin de l’ouvrage. Cette
discussion vient corroborer les analyses précédentes, qui éclairent mes propres
impressions de lecture. Si cet ouvrage intéressera sans doute davantage les
lecteurs de l’auteure, il pourrait également constituer une bonne porte d’entrée
dans son univers pour ceux qui se sentiront attirés par son esthétique/éthique « accordée
au vivant ».
Une étude littéraire riche et passionnante.
NOTE | Une semaine avec Luce Wilquin : je propose sur
mon autre blog, en guise d’illustration de ce titre de L’œuvre en lumière, un poème de Colette Nys-Mazure, extrait d’Enfance
portative (dans la collection Zobéide).
Colette Nys-Mazure,
accordée au vivant de Mathieu Gimenez
Luce Wilquin (Avin), coll. L’œuvre en lumière, 2014 – 1re publication
Luce Wilquin (Avin), coll. L’œuvre en lumière, 2014 – 1re publication
C'est en effet une femme lumineuse, Colette Nys-Masure...
RépondreSupprimerJ'en suis persuadée à présent et la lirai à nouveau.
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