Les éditions des Busclats se proposent de publier des écrivains reconnus à qui elles demandent de faire un pas de côté. D’écrire en marge de leur œuvre, un texte court – récit, essai, nouvelles, lettres… – qui sera, selon leur cœur, une fantaisie, un coin de leur jardin secret, un voyage inattendu dans leur imaginaire.
CE « PAS DE CÔTÉ » prend pour Laurence Tardieu la
forme d’un journal et d’un questionnement sur son écriture. Incapable d’écrire
depuis la publication de son dernier roman, La
Confusion des peines, elle cherche à comprendre ce blocage et à revenir à l’écriture
par l’écriture (C’est l’écriture, et
seulement l’écriture, qui permet l’écriture, qui la révèle. Depuis toujours.
[p. 12]). Pour ce faire, elle revient en arrière, à ses publications
précédentes, jusqu’à la dernière, en s’interrogeant sur son rapport à l’écrit,
aux sujets abordés, ainsi que sur la position de l’écrivain dans le monde. Peu
à peu, se dégagent les raisons de son arrêt d’écrire et, surtout, un projet d’écriture
de plus en plus affirmé : Voilà sans
doute où j’en suis : passée d’une écriture propre, juste, enveloppante, à
une écriture qui tente de rendre compte du réel, de son épaisseur, de sa
complexité. [p. 79] Ce cheminement au cœur de la « nuit » de
Laurence Tardieu implique bien sûr des répétitions, des retours sur certains
mots ou expressions, des précisions, qui s’inscrivent dans son esthétique de la
recherche permanente : celle du mot juste, vrai, celle qui la pousse à « creuser »
toujours plus. Le lecteur est véritablement invité dans l’intimité de l’auteure
et dans le processus de son écriture.
On pourrait penser qu’un texte si personnel implique d’avoir
lu l’œuvre de Laurence Tardieu auparavant, mais je ne pense pas que ce soit
nécessaire. Les lecteurs de cette auteure seront sans doute plus touchés par
cette détresse et plus familiers des textes évoqués, sans que les autres ne
soient perdus pour autant dans les références bien introduites. Au-delà du
projet d’écriture qui se dégage et qui me fait attendre les œuvres à venir, les
questions abordées dans ce journal peuvent concerner tout écrivain ou toute personne
ayant écrit pendant une période de sa vie. En cherchant en elle, Laurence
Tardieu a mis au jour bien plus que son moi
subjectif […] [: quelque chose] qui
nous appartient à tous du fait d’être venus au monde sans l’avoir désiré, tout
en sachant qu’on n’est que de passage, qu’on finira par mourir. [p. 89]
Un retour à l’écriture et à la vie.
L’écriture et la vie de Laurence Tardieu
Éditions des Busclats (s.l.), 2013 – 1re édition
Bien qu'à priori ce ne soit pas mon style de prédilection, je le note toujours car il semble intéressant et surtout très bien écrit.
RépondreSupprimerIl l'est ! Laurence Tardieu a une très belle plume et a poussé sa recherche personnelle assez loin.
SupprimerOn en parle pas mal, et en bien!
RépondreSupprimerTant mieux, c'est mérité.
SupprimerJe suis très intéressée par les réflexions autour de l'acte d'écriture - surtout lorsqu'elles émanent de l'auteur lui-même. Je note donc ! J'aime suivre ton blog, tu nous fais toujours découvrir des petites perles peu connues, c'est très intéressant ! Merci pour ça !
RépondreSupprimerCe journal devrait t'intéresser autant que moi alors (c'est un sujet qui m'est cher aussi).
SupprimerMerci à toi pour ce petit mot, qui me fait très plaisir : faire découvrir quelques perles peu connues est l'un des projets à l'origine de ce blog (même si, avec le temps, c'est devenu une habitude plutôt qu'un projet de me diriger vers ces livres et notamment le rayon de l'édition belge en librairie)
Je l'ai commandé la semaine passée! Cette réflexion sur le blocage d'écriture m'avait intriguée. As-tu lu La confusion des peines?
RépondreSupprimerC'est aussi ce qui a attiré immédiatement mon attention. Je n'ai lu que Puisque rien ne dure et Un temps fou, tous les deux appréciés, sans que les sujets de ses autres romans m'aient fait envie par la suite. Et toi ?
SupprimerAucun de ses titres mais j'ai noté son nom pour un avenir +/- proche ;)
SupprimerAh tu as quand même lu deux titre d'elle. J'en ai deux dans la PAL dont La confusion des peines (et j'imagine bien sa difficulté à écrire après ça, comme Delphine de Vigan après Rien ne s'oppose à la nuit, si personnel que cela doit être difficile de passer à autre chose. Bon, quand j'aurai le temps, j'essayerai de faire une place à Laurence Tardieu (en plus elle est d'une douceur... j'ai eu l'occasion el'entendre à Lille lors de la sorite de La confusion des peines)
RépondreSupprimerOui, je ne suis pas tout à fait partie en terre inconnue, mais je pense vraiment qu'on pourrait le faire tant le propos dépasse son œuvre précédente et son expérience personnelle.
SupprimerQuel autre titre as-tu dans ta PAL ?
J'avais été très déçue par la lecture d'un roman de Laurence Tardieu, il y a déjà quelques années, je trouvais ça très maniéré. Mais peut-être que de la non fiction me plairait plus...
RépondreSupprimerJe suis passée sur ton blog voir de quel roman il s'agissait : j'ai moi aussi lu Un temps fou et avais apprécié cette écriture dans les débuts, à ma grande surprise (pas du tout ce qui me plaît a priori, mais j'avais été séduite), avant de m'en lasser. Cette lecture est trop lointaine pour que je puisse en comparer le style avec celui de ce journal, mais je crains que tu ne rencontres des problèmes semblables...
SupprimerTon billet est très beau je trouve, on revient finalement au côté le plus archaïque de l'écriture , écrire pour trouver une vérité et écrire pour ne pas mourir trop vite en somme. Je n'ai encore rien lu de Laurence Tardieu, je ne sais pas pourquoi, je l'imagine très peu accessible; mais je pense que j'ai tort. Je l'intègre avec plaisir au non-challenge.
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour cette appréciation. J'ai eu du mal à mettre des mots sur mon ressenti et à dire tout ce que ce texte m'a apporté.
SupprimerEn ce qui concerne ce côté le plus archaïque de l'écriture, cette comparaison me paraît intéressante, d'autant plus que je l'ai retrouvée dans un autre récit-journal récemment (Que Tal de Daniel Arsand).
Les textes que j'ai lus de Laurence Tardieu ne m'ont pas paru trop ardus. J'aurais tendance à te conseiller Puisque rien ne dure, très accessible dans son écriture, davantage qu'Un temps fou, je pense. Je ne qualifierais pas ses textes de difficiles d'accès, mais plutôt témoignant d'une sensibilité particulière, à laquelle tout le monde n'est pas réceptif tout le temps.