C’est un songe : je ne vous donnerai mon aventure que sur ce pied-là, il faut ménager votre incrédulité. [p. 9]
AVEC ce charmant Sylphe,
Crébillon fils annonce déjà le ton de ses prochaines œuvres et joue avec son
lecteur, en le laissant dans l’indécision : songe ou réalité, conte ou
récit réaliste déguisé ? L’épistolière et protagoniste féminine du texte
ne le sait pas elle-même, selon ce qu’elle laisse entendre à sa correspondante.
Un lecteur cynique pourrait néanmoins lire entre les lignes une narration
contée d’un fait bien réel et peu merveilleux. Le Sylphe amoureux emprunte en
effet bien des traits aux séducteurs du temps et mène son affaire selon les
règles du jeu, depuis le compliment liminaire accompagné du soupir d’amour sans
espoir jusqu’à l’aveu du désir, signant la capitulation. De plus, tout en feignant
de savoir lire dans le cœur des femmes, il n’énonce que des faits bien connus
de la psychologie féminine (ou plus précisément les conventions littéraires et
teintées de misogynie de l’époque) et du désir humain. Dans le même temps, les
ingrédients du conte amoureux sont bien présents, comme la créature venue d’un
autre monde et l’amour brisant la malédiction qui frappait le beau jeune
homme.
Mais n’est-il pas dommage que ce ne soit qu’un songe ? [p. 35]
Un petit texte inclassable et charmant.
Le sylphe de Crébillon fils, édité par Jérôme Vérain
Mille et une nuits (Paris), 2000.
1re publication : 1730
Un conte que je n'ai jamais lu, c'est noté. Et bonne continuation à ce salon littéraire plein de charme.
RépondreSupprimerMerci. Ce conte-ci n'est pas le meilleur de l'auteur à mes yeux, mais il est charmant et agréable.
SupprimerAlors finalement conte de fée ou pas ? Encore désolée de t'avoir fait faux bond sur cette LC !
RépondreSupprimerFinalement non, je trouverai d'autres contes à relire.
SupprimerCe n'est rien pour cette LC, je comprends tout à fait la situation. ;)